Un stage, une prise de conscience : le récit engagé de Salomé à Córdoba

Un stage, une prise de conscience : le récit engagé de Salomé à Córdoba
Article du 9 juillet 2025
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Lors de son stage en Argentine, Salomé a intégré une organisation au cœur des quartiers populaires de Córdoba. À travers ce projet, elle a découvert bien plus qu’un lieu d’accueil : un espace de résistance, d’espoir et de reconstruction, porté par des femmes qui refusent de rester invisibles.


Dans cet article, elle livre un témoignage puissant sur les violences systémiques, les combats pour la dignité, et l’urgence de repenser nos sociétés à travers le prisme du genre et de la justice sociale.

 

Et si on arrêtait de se plier ?

 

Chronique depuis Las Omas, là où les femmes construisent malgré tout

 

En tant que femme, je me suis toujours demandé ce que la société attendait de moi.

Être discrète mais jolie. Ambitieuse mais pas trop. Forte mais surtout pas en colère. Répondre à des normes que je n’ai pas choisies, entrer dans des cases trop étroites, jouer un rôle écrit à l’avance.

Puis, au fil de mes engagements, de mes lectures, de mes rencontres, cette question a évolué.


Et si, au lieu de chercher à répondre aux attentes sociales, nous décidions de les déconstruire ?


Et si, plutôt que d’adapter nos vies à une société patriarcale, injuste et souvent violente, nous construisions une société capable de répondre à nos besoins, nos désirs, nos rêves ?

C’est cette idée qui m’a accompagnée à Las Omas, dans la périphérie de Córdoba, en Argentine.
Un espace de résistance féminine, où j’ai rencontré des femmes qui ne demandent plus la permission d’exister.

 

Créer malgré tout

 

Las Omas, ce n’est pas qu’un lieu. C’est un acte politique. C’est un espace de vie, d’éducation, de transmission, porté par et pour des femmes issues de quartiers populaires.
Elles y créent du lien, des savoirs, des compétences, de la dignité.

Ce sont des femmes qui ont vécu des violences, des discriminations, des abandons.
Mais qui ont décidé de ne pas rester silencieuses.
Elles se forment, s’organisent, entreprennent, accompagnent d’autres femmes.
Elles reconstruisent, elles-mêmes, leurs communautés, leurs rêves.

Dans ces quartiers, tout manque : les infrastructures, la santé, la sécurité, l’eau potable.
Et pourtant, c’est là que j’ai vu une force collective incroyable, une solidarité concrète, une puissance de vie que la société choisit trop souvent d’ignorer.

 

Une violence systémique

 

Ce que vivent ces femmes ne peut être dissocié du contexte plus large.
En Argentine, on recense un féminicide toutes les 31 heures.
Depuis 2008, 2 827 femmes ont été tuées, dont 2 543 féminicides directs et 284 dits « liés » (touchant des proches ou des enfants des victimes).

Dans 85 % des cas, l’agresseur appartenait au cercle intime.
64 % des féminicides ont lieu au domicile de la victime.
Et dans près d’un cas sur cinq, les femmes avaient porté plainte. Parfois même, elles disposaient d’une mesure de protection judiciaire.

Ces chiffres sont insoutenables. Et pourtant, ils ne déclenchent pas l’urgence qu’ils devraient.
Ils ne sont pas des accidents. Ce sont les conséquences d’un système de domination bien réel.

 

Patriarcat et écocide : une même logique

 

À Las Omas, les luttes féministes croisent aussi les luttes écologiques.
Les femmes y dénoncent l’eau contaminée, les maladies liées aux polluants industriels, la destruction de leur environnement.
Elles luttent pour vivre dans des conditions dignes, pour pouvoir boire l’eau de leur robinet sans tomber malades.

Et cette double violence, patriarcale et environnementale, n’est pas un hasard.
C’est la même logique d’exploitation des corps et des territoires.
C’est le même système qui pille, qui soumet, qui nie la vie au nom du profit et du pouvoir.

 

L’urgence de changer de cap

 

Ce que j’ai vu à Las Omas m’a ému. Mais surtout, cela m’a redonné de la force.
Parce qu’au milieu des violences, il y a des résistances.


Et qu’il existe des femmes qui n’attendent plus qu’on les autorise à exister.

La cause des femmes n’est pas une cause parmi d’autres.
Elle est centrale.
Parce qu’elle touche à tout : à la justice, à l’environnement, à la démocratie, à la vie.

 

Alors non, je ne me demande plus ce que la société attend de moi.
Je me demande : que puis-je faire pour qu’elle change ?
Et la réponse, je l’ai trouvée dans les voix, les rires, les colères et les combats de ces femmes-là.

 

Parce qu’on ne peut pas construire un monde juste sans celles qui en ont été trop longtemps exclues.

Au-delà de l’observation, Salomé a aussi pris part au quotidien de Las Omas : soutien aux activités, échanges avec les femmes du quartier, écoute attentive des récits de vie. Ce texte, écrit à la fin de son stage, témoigne de ce qu’elle a reçu, compris, et choisi de transmettre.

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